jeudi 30 avril 2015

Les MOOC, késako ?

Il y a deux ans, lors d'une belle journée d'Octobre, j'ai entendu pour la première fois parler de ce phénomène avec deux nouvelles qui semblaient pour moi extra-ordinaires... Le changement de nom du site du zéro et la mise en place d'une de ces formations libres et en ligne par le directeur de l'ENJMIN.

Je n'avais pas de mots pour exprimer mon excitation et mon degré de curiosité face à ce qui semblait être une innovation et quelque chose d'encore inconnue en France. Pourtant, le premier MOOC datait de 2008 et ces formations d'un nouveau genre avaient déjà leurs plateformes et une grande popularité aux Etats-Unis...

Mais, alors, c'est quoi un MOOC ?

L'acronyme MOOC signifie "Massive Open Online Courses", ce sont donc des cours en lignes, ouverts à tous et adaptés à un grand nombre d'apprenants et dont le contenu est sous licence libre. Si vous entendez CLOM, c'est que vous entendez sa francisation (Cours Libres Ouverts et Massifs).
Le premier MOOC était un cours et une application directe du sujet de ce cours : Le connectivisme, une théorie d'apprentissage liée aux nouvelles technologies.
Et c'est là, toutes la force des MOOCs ! La technologie permet plusieurs choses : apprendre et faire ses devoirs à toute heure de la journée (ou de la nuit pour les noctambules...), s'entraider grâce aux forums et aux "Hangouts" avec l'équipe pédagogique, partager la correction entre les apprenants (ça c'est la correction par les paires, j'en reparle juste après), voir et revoir le contenu du cours, retourner sur un MOOC qu'on a déjà eu, etc.

Les cours sont complétés pas des QCM, faciles à mettre en place sur Internet aujourd'hui, mais aussi (et surtout) par de vrais devoirs de travaux pratiques ou de dissertations qui sont notés par les autres apprenants (la correction par les pairs, comme je disait).

Les possibilités sont infinies - comme le nombre d'apprenants - et le phénomène a pris une sacrée ampleur, notamment parce qu'il permet aux personnes les moins dotées d'apprendre et de se former professionnellement, et parce qu'il donne plus de liberté à chacun quant à l'orientation de sa formation, notamment la formation continue et professionnelle*.

Petit aparté littéraire : MOOC est un acronyme, il n'y a normalement pas de "S", mais si vous en mettez un, écrivez-le ainsi : "MOOCs". On garde l'acronyme en majuscule et le s minuscule pour évoquer le pluriel.

Mais le pari le plus fou, c'est la correction par les pairs !!!

Je crois que ce qui a crée le plus d'engouement, c'est l'intérêt du connectivisme... Et ce qui cristallise ce principe pédagogique, c'est bien la correction par les pairs.

Le principe est simple : une fois votre devoir remis, vous recevez une grille de lecture de la part de votre professeur (avec parfois un exemple de correction), ainsi que 3 à 6 devoirs à corriger. En échange, vous êtes corrigé par un minimum de 3 personnes et c'est la moyenne de ces 3 notes qui fait la note finale du devoir.
Par contre, il faut jouer le jeu à fond... cela fait généralement partie du travail obligatoire et il est apprécié et encouragé de faire des annotations.

Alors, au premier abord, ça peut faire peur, mais je peux vous dire qu'après plusieurs participations, ce n'est pas un inconvénient des MOOCs, mais un réel avantage... Que ce soit pour les apprenants comme pour les enseignants. Et je vais vous donner 3 raisons à cela :
  1. Les gens jouent le jeu !
    Les enseignants, de plus en plus aidés ps une équipe pédagogique dédiée rien qu'au MOOC, mettent déjà tout en oeuvre pour accompagner les corrections. Et les apprenants font pour la plupart des corrections assez détaillées et donnent des annotations assez judicieuses.
    Cela peut paraître comme une charge supplémentaire, mais elle évite des milliers de corrections à un à cinq professeurs, et elle apporte plus qu'on le croirait aux étudiants.
  2. Corriger permet encore d'apprendre !!
    Alors, là, vous devriez me dire que ce n'est pas logique... Vous vous êtes peut-être en train de vous dire : "Si on suit correctement le cours, si on répond aux questions et fait les devoirs (avec les bonnes notes), c'est que l'on a pas besoin d'apprendre plus et en plus, si on comprend ce qu'on fait en lisant ce que les autres...".
    En réalité, il est toujours possible que l'on ait manqué une notion ou que le professeur manque de clarté sur un sujet, c'est quelque choses que vous avez déjà vécu à l'école ou sur les bancs de la fac ! De plus, les délais ne sont pas extensibles, un MOOC se déroule souvent sur 5 semaines, avec un devoir par semaine ce qui peut être un rythme soutenu en sachant que l'on fait cela en parallèle d'un travail ou d'autres études.
  3. Les devoirs que vous corrigez proposent des "discours alternatifs" !!!
    D'une, les devoirs que vous corrigez retranscrivent différemment que vous ou que le professeur les idées demandées. Cela remet en avant la nécessité de pouvoir dire une même idée de différente manière afin de se faire comprendre par le plus grand nombre. Mais la vidéo donne un discours unique, c'est donc le rôle des forums et de la correction par les pairs de donner des discours alternatifs...
    De deux, ces textes donnent une vision alternative en terme de compréhension et d'application des notions que vous acquérez. Ce que vous apprenez ne sont plus des notions immuables que vous devez apprendre par cœur enseignées par des professeurs expert à la parole intouchable. Ici, vous pouvez et devez réfléchir à ce que vous apprenez, vous êtes acteurs de votre enseignement.
Et c'est ce dernier point le plus important, là où l'école pousse à l'individualisme et une communication qui va du professeur vers les élèves, les MOOCs donnent une vision totalement décentralisée et proactive de la transmission des savoirs.

Le système éducatif remis en question...

En France, la nouveauté n'a jamais fait plaisir à tout le monde, est il en est de même des MOOCs. Cela est principalement du au fait qu'une certification de MOOC n'a pas la valeur d'un diplôme, et que l'on approfondit pas forcément.

De mon avis, cela relève surtout de a peur de certains de voir le système changé de voir leur travail alourdi ou modifié. Mais, alors que les MOOCs n'ont jamais été crées pour remplacer l'école, ils ont fait peur aux immobilistes. Pourquoi ?

La seule raison que je vois est ce que cela remet en question du système éducatif et de ses dérives.

Je l'ai déjà évoqué, le système actuel met plutôt en avant la concurrence entre les étudiants plutôt que la collaboration, alors que le monde du travail exige de travailler en équipe et l'éducation à la citoyenneté devrait encourager l'entente entre les personnes dès le plus jeune âge...

Cependant, d'autres s'inspirent de ce mouvement et des technologies de l'information pour inclure le connectivisme et plus de libertés aux étudiants, notamment dans l'enseignement supérieur.

Les MOOCs remplaceront-ils l’école ?

Alors, c'est assez évident que NON! L'école ne va pas disparaître mais elle devra s'inspirer de ces nouveaux principes et se remettre en question pour s'améliorer et proposer de nouvelles pédagogies.

De plus, les MOOCs ne sont pas qu'une alternative, c'est aussi la seule offre pour ceux qui sont limités financièrement ainsi que pour l'ensemble de la population de certains pays (je pense notamment à l'Afrique, qui se révèle très intéressé par ce phénomène et qui a déjà vu fleurir des congrès dédiés à ce sujet tant il semble stratégique).


Je vous remercie de m'avoir lu, j'espère que cet article vous aura plu et vous aura permis de comprendre ce que sont les MOOCs et la raison de leurs succès.

Je vous laisse avec une sélection de mon cru de vidéos et de liens autour des MOOCs et des révolutions pédagogiques.

http://www.mindmeister.com/fr/306359951/cartographie-des-mooc-fran-ais
http://www.scoop.it/t/moocfrancophone
https://jememooc.wordpress.com/



* En France, les salariés étaient encore tributaires de leur patron en ce qui concerne la formation continue jusqu'en 2014. Ainsi, il était difficile de choisir sa formation en fonction de ses besoins réels, surtout lorsqu'ils diffèrent du domaine d'activité de l'employeur. Cela peut sembler normal vis-à-vis, mais il était ainsi impossible de se réorienter/spécialiser ou de partir d'une entreprise (même en faillite) avec les moyens de se faire réembaucher juste après.

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